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.Un pianiste dodu, à la peau noire et luisante et au sourire étincelant d’or, vêtu d’une veste sport en tweed couleur chocolat et d’une chemise de soie blanche au col ouvert, était assis devant le piano, coincé entre la dernière table et le comptoir circulaire.Une lumière blanche tamisée tombait sur son crâne à moitié chauve : il était en train de jouer des nocturnes en sourdine.Le pianiste jeta à Fossoyeur un coup d’œil plein d’appréhension, se leva et le suivit dans la pénombre du bar.— J’espère que vous n’êtes pas en service commandé, Fossoyeur, dit-il d’une voix mal assurée.Je paie assez cher pour que la police ne vienne pas faire du barouf.Fossoyeur regarda autour de lui.Sur les hauts tabourets du bar étaient assis un grand Blanc aux cheveux sombres, deux Noirs, jeunes et minces, aux lèvres peintes, à la figure enduite de fond de teint, aux cheveux lustrés, aux ondulations indéfrisables, un Blanc trapu aux cheveux blonds coupés en brosse, deux Noires en robe du soir de soie blanche, qu’accompagnait un dandy couleur chocolat, vêtu d’un smoking croisé et portant un cordonnet en guise de cravate.La serveuse, une grande fille au teint jaune vif, le plateau à la main, attendait sa commande.À l’autre bout du comptoir, il y avait un autre Noir, grand et mince.— Je suis venu en passant, Bucky, répondit Fossoyeur.J’ai besoin d’un tuyau.— Des tas de gens viennent chercher des tuyaux, ici, déclara Bucky d’un ton plein de sous-entendus.— Je n’en doute pas.— Mais c’est peut-être pas ce genre de tuyau qu’il vous faut.— Je suis sur une affaire.Un gros Blanc rupin vient de se faire descendre dans Lenox Avenue.Bucky écarta ses mains aux ongles manucurés qui miroitèrent sous les lumières.— En quoi ça nous regarde ? Personne n’a jamais d’histoire chez nous.Tout se passe correctement – voyez vous-même ! Y a que des gens bien, qui dînent tranquillement.Bonne chère, musique douce, lumières tamisées… Je ne vois pas ce que la police viendrait chercher dans un endroit aussi convenable !Dans le silence qui suivit ses paroles, on entendit la voix fluette d’un des jeunes Noirs ondulés :— Je n’ai même pas jeté un coup d’œil sur son Jules, je t’le jure, et voilà qu’elle se lève brusquement et qu’elle m’assomme avec la bouteille de whisky !— Ces putes noires, y a pas plus violent ! fit son compagnon.— Des vraies furies, mon trésor !Fossoyeur sourit ironiquement.— L’homme qui s’est fait descendre était un de vos clients, dit-il, il s’appelait Ulysse Galen.— Bon sang, Fossoyeur ! je ne connais pas les noms de tous les Blancs qui viennent ici ! s’écria Bucky.Je me contente de jouer pour eux et de me mettre en quatre pour les satisfaire.— Je vous crois, dit Fossoyeur.On a vu Galen en ville avec Ready.Ça vous rappelle rien ?— Ready ? dit Bucky en prenant un air innocent.Il ne vient pour ainsi dire jamais ici.Qui vous a mis cette idée dans la tête ?— Avec ça ! C’est ici qu’il fait le hareng.— Non mais tu l’entends ? glapit Bucky outré en s’adressant au barman.Il se reprit aussitôt, car, ayant l’oreille exercée, il s’était rendu compte du silence subit dans la salle.Il baissa donc la voix pour ajouter avec indignation :— Cette espèce de pied-plat s’amène ici pour m’accuser d’abriter des proxénètes !— Joue pas c’jeu-là si tu veux rester en bonne santé, conseilla Fossoyeur d’une voix sourde.— C’est un énergumène, cet homme-là, intervint le barman.Retourne à ton piano, Bucky, je vais m’occuper de lui.Il se tourna alors vers Fossoyeur, les poings aux hanches, et lui demanda, l’air hautain :— Qu’y a-t-il pour votre service, espèce de gougnafier ?Les Blancs assis au comptoir s’esclaffèrent.Bucky fit mine de se retirer.Fossoyeur l’attrapa par le bras et le ramena vers lui d’une secousse.— Fais gaffe, fiston !— Bas les pattes ! chuchota Bucky d’une voix sifflante, son corps dodu tremblant d’indignation.Je ne tolérerai pas ces façons-là.D’abord, je suis couvert.Le barman recula précipitamment.Lui aussi s’était mis à trembler.— Vous le laisserez pas faire du mal à Bucky ! fit-il d’une voix apeurée à l’adresse des consommateurs blancs.— En quoi puis-je vous être utile ? demanda le client blond, aux cheveux coupés en brosse.Vous êtes inspecteur de police, si j’ai bien compris ?— Ouais, fit Fossoyeur sans lâcher Bucky.Un Blanc s’est fait descendre à Harlem, ce soir, et je cherche son assassin.Le Blanc leva les sourcils :— Vous espérez le trouver ici ?— Je suis sur une piste, c’est tout.L’homme a été vu en compagnie d’un mac du nom de Ready Belcher, qui vient souvent ici.Les sourcils du Blanc s’abaissèrent.— Ah oui ! Ready… je le connais.Mais il…Bucky intervint :— Vous n’avez pas besoin de lui dire quoi que ce soit.Ici, vous êtes à l’abri de ce genre de procédés.— Mais oui, dit le Blanc.C’est d’ailleurs ce qu’il essaie de faire, l’inspecteur – nous protéger.— Il a raison, dit une des clientes noires en robe du soir.Si Ready a descendu un miché qu’il ramenait chez Reba, il mérite la chaise… pour le moins !— Ferme ta gueule, femme, murmura férocement le barman.La figure du Fossoyeur fut secouée de tics.Lâchant Bucky, il se souleva, les talons accrochés à la barre du tabouret, se pencha pardessus le comptoir et attrapa le barman par le devant de sa chemise, sans lui donner le temps de s’esquiver.La chemise de soie rouge se déchira dans un crissement, tout le long de la couture ; mais Fossoyeur en garda assez dans la main pour ramener le barman, d’un geste brutal, vers le comptoir.— T’as la langue trop longue, Tarbelle, dit-il, d’une voix grinçante.De sa main ouverte, Fossoyeur gifla le barman à la volée, l’envoyant valser au milieu du cercle délimité par le comptoir.— Il a eu tort de faire ça, s’indigna la première femme [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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