[ Pobierz całość w formacie PDF ]
.Il sortit le trousseau de clés comme s’il craignait de le perdre.La ronde achevée, l’escouade s’immobilisa devant la Tour sanglante.Une sentinelle se manifesta aussitôt.– Halte ! Qui va là ?– Les clés, répondit le lieutenant Holborne.La nuit était très noire.On ne distinguait aucune étoile dans le ciel, encombré de lourds nuages chargés de pluie.D’élégants lampadaires distribuaient une lumière parcimonieuse dans les allées de la Tour.– À qui sont les clés ? demanda la sentinelle.– À la reine Elisabeth, répondit Patrick Holborne.La sentinelle laissa le passage au lieutenant et à son escorte qui s’engagèrent sous la voûte de la Tour sanglante.De l’autre côté, la garde au grand complet, commandée par le gouverneur en personne, les attendait.Les soldats étaient disposés sur les marches menant à laBroad Walk,la promenade large.La garde présenta les armes à la petite escouade qui, en prenant la responsabilité d’assurer symboliquement la sécurité de la Tour de Londres, garantissait aussi celle du royaume.Il n’était point de mise que le gouverneur participât à la cérémonie.En raison des tragiques circonstances, Lord Fallowfield avait pris la décision de diriger le rite pour redonner confiance et dignité auxYeomenet à la garde.Chacun devait savoir que, malgré ses souffrances, le capitaine n’avait pas abandonné le navire.– Que Dieu protège la reine ! proclama le gouverneur.– Amen ! répondirent tous les participants.Chacun se sentit soulagé.Aucun incident n’avait perturbé le rituel.La lourde angoisse qui serrait les cœurs, redoutant le Spectre, n’avait pas été justifiée.Le gouverneur et le lieutenant se dirigèrent vers la Maison de la Reine où ce dernier devait remettre les clés.Patrick Holborne poussa un discret soupir de soulagement.Ses nerfs se détendirent un peu.Mais il eut le souffle coupé à la vue de l’homme qui se trouvait sur le perron.22– Bonsoir, messieurs, dit Higgins, fort calme.Reconnaissez-vous ceci ?L’ex-inspecteur-chef tendit la main droite vers le lieutenant Holborne et Lord Fallowfield.Dans sa paume ouverte, une clé à plusieurs crans.Patrick Holborne fut incapable de prononcer le moindre mot.– C’est la clé égarée par le grand chambellan, indiqua Lord Fallowfield d’une voix inquiète.Où l’avez-vous trouvée, inspecteur ?Vêtu de son très classique imperméable Tielocken et coiffé d’une casquette à carreaux rouge et brun, Higgins apparaissait comme un juge sévère, s’apprêtant à prononcer une sentence.– Dans un endroit plutôt curieux, révéla l’ex-inspecteur-chef.Veuillez me suivre.Higgins conduisit le gouverneur et le lieutenant au bâtiment Waterloo devant lequel le superintendant Marlow montait une garde vigilante.– Ouvrez donc, demanda Higgins au lieutenant Holborne qui s’exécuta avec maladresse sous le regard inquisiteur de Scott Marlow.Un épais silence régnait dans le bâtiment Waterloo, peu habitué à des visites nocturnes.Higgins se dirigea vers l’éléphant, souleva la plaque mobile et sortit de la cache boîtes de chocolats et blocs-notes à spirale.– Ce sont les chocolats du lunch organisé pour l’installation du gouverneur, indiqua Patrick Holborne.Qui… qui a commis cette rapine ?Scott Marlow ne percevait pas le rapport entre ce modeste larcin et l’assassinat de Lady Ann, mais il était prêt à arrêter le coupable pour faire respecter l’ordre et la loi.– Myosotis Brazennose, annonça Higgins avec gravité.Le gouverneur toussota.Le lieutenant se cabra, indigné.Scott Marlow, les yeux presque exorbités, ressentit l’une des plus violentes émotions de sa carrière.– C’est incroyable, murmura-t-il.– Hélas, superintendant, je l’ai vue moi-même se glisser ici en catimini.– Je suis persuadé de son innocence, protesta Scott Marlow.Il doit s’agir d’un quiproquo ou d’une machination.Il faut l’interroger, lui permettre de se disculper !– Tel est bien mon avis, intervint le gouverneur.Cet incident est des plus désagréables.Si Miss Brazennose a dérobé cette clé, elle mérite les plus graves sanctions.– Pas de conclusions hâtives, recommanda Higgins.Attendons demain.– Et si elle s’enfuit ? interrogea Patrick Holborne.– Ce serait un aveu de culpabilité, observa l’ex-inspecteur-chef.De plus, elle ignore que nous avons découvert cette cache.Elle reviendra à son bureau.Il sera bien temps de lui poser des questions.Bonne nuit, messieurs.Higgins s’éloigna d’un pas égal.L’ex-inspecteur-chef chemina avec lenteur dans les allées de la Tour avant de regagner sa chambre.Les petits détails qui s’accumulaient sur le chemin de la vérité ne faisaient qu’obscurcir celle-ci.Les brouillards de la nuit s’épaississaient, la lumière des lampadaires formait des halos blanchâtres.La Tour de Londres sommeillait, en proie aux cauchemars de l’Histoire, qu’alourdissait encore un meurtre inexplicable.À présent, Higgins se sentait profondément impliqué dans cette mystérieuse affaire.Il avait accepté l’enquête par amitié pour Scott Marlow et respect pour la Couronne, persuadé que la solution n’exigerait qu’un temps restreint.Mais il avait dû déchanter et se trouvait confronté à une énigme dont les fils avaient été tissés par un assassin exceptionnel.Mais pourquoi avoir commis un acte aussi brutal et avoir versé dans un déplorable exhibitionnisme ? Higgins, plutôt contrit et assez mécontent, devait bien s’avouer qu’il ne progressait pas d’un pouce vers l’essentiel.Certes, il avait percé çà et là des zones d’ombre entourant la personnalité réelle de tel ou tel protagoniste du drame.Mais il se défiait de toute déduction précipitée, confronté à des sentiments contradictoires : d’un côté, ne pas se hâter avant de découvrir des indices significatifs, ne pas brouiller les pistes en échafaudant des théories erronées ; de l’autre, aller vite pour empêcher la mort de frapper à nouveau et, bien sûr, satisfaire Sa Majesté.Higgins sentit qu’il n’avancerait pas davantage en cette soirée glaciale.Remontant le col de son Tielocken, il se dirigea vers sa chambre afin d’y goûter la plus délectable des gourmandises : le sommeil.Les murs de la « chambre du condamné » étaient couverts de sang.La pièce avait pris l’allure d’une salle de torture que venaient juste de quitter les bourreaux après en avoir débarrassé les corps suppliciés.Seul le lit avait été épargné par cette débauche d’horreur.Higgins, bien qu’il ne fût pas particulièrement impressionnable et qu’il se fût rarement évanoui à la vue d’une goutte de sang perlant à une coupure, hésita à explorer cet antre souillé et hostile.Il voulut néanmoins apprécier l’ampleur du massacre qui avait été commis là, redoutant de découvrir un ou plusieurs cadavres [ Pobierz całość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • lunamigotliwa.htw.pl
  •