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.Or ce contraste ne s’explique que très partiellement par les nécessités de la mise en défense.Il est principalement le reflet, la résultante de l’évolution féodale locale et de la répartition du peuplement.La seconde fonction du château est résidentielle.C’était le mode d’habitat normal des familles nobles.Toutefois, il existait des châteaux appartenant à l’Église, en particulier aux évêques : nombre de ces derniers possédaient une ou plusieurs résidences fortifiées hors de leur cité, soit qu’ils aient conservé ou acquis des habitudes féodales, soit qu’ils aient éprouvé quelque déplaisir à habiter en permanence leur maison, hôtel ou palais urbain, dans une ville où leurs pouvoirs étaient souvent contestés et en tout cas ne cessèrent de décliner au cours des siècles.Outre la famille et la « mesnie » de leur possesseur, certains châteaux étaient en mesure d’héberger, temporairement, des vassaux qui, à tour de rôle, venaient y monter la garde.Au début du XIIIe siècle, interrogés sur leur devoir de garde par Hugues, comte de Saint-Pol, ses vassaux répondent comme suit : si le comte et son épouse font résidence au château, eux-mêmes et leurs épouses doivent également s’y trouver, et cela pendant quarante jours.Mais si l’épouse du comte n’est pas là, les épouses des vassaux peuvent se dispenser de venir.Le jour de leur arrivée, les vassaux, leurs épouses, leur suite, doivent manger le premier repas à la cour et aux frais du comte.De même le repas d’adieu, au bout des quarante jours.Mais dans l’intervalle, ils ont à se nourrir par eux-mêmes ; ils peuvent chasser dans la forêt et dans les garennes du comte, et aussi prendre du bois à brûler.Les quarante jours accomplis, le comte doit attendre un an plein avant de pouvoir exiger à nouveau la présence de ses hommes.Tentons de préciser, pour conclure, la définition et le rôle des châteaux à deux périodes clefs : vers 1050 et vers 1450.Au milieu du XIe siècle, des membres de l’aristocratie laïque, en nombre plus considérable qu’on ne l’a longtemps cru, habitaient des châteaux, au sens large donné ici à ce terme.L’histoire des châteaux se confond alors avec celle de l’économie rurale, de la société et des pouvoirs politiques.Indépendamment de la dimension architecturale – car la plupart des châteaux n’étaient encore que de rudimentaires constructions de bois et de terre –, ce premier âge féodal, pour employer la classification de Marc Bloch, reprise et adaptée par Georges Duby, fut l’âge d’or des châteaux.Pour obtenir des paysans la construction et l’entretien de ces châteaux, il a bien fallu que l’aristocratie laïque les encadre avec une vigueur et une rudesse renouvelées.Quatre siècles plus tard, le nombre des châteaux s’est considérablement accru.Ils constituent un ensemble architectural imposant, varié, encore qu’il soit permis de s’interroger sur l’état de cet immense patrimoine immobilier dont on soupçonne qu’il était souvent mal entretenu.Comme l’atteste mainte miniature, le château fait plus que jamais partie du paysage, réel et imaginaire, du royaume.Certes, la seigneurie châtelaine se voit d’ores et déjà vigoureusement concurrencée par d’autres formes politiques.Mais il est encore presque impossible de concevoir une classe seigneuriale ou nobiliaire sans château.Or, ces deux réalités institutionnelles et sociales – la seigneurie, la noblesse – demeurent bien vivantes.C’est dire que le château conserve sa place dans l’organisation du tissu social, même s’il a déjà beaucoup perdu dans le domaine politique ainsi que dans le domaine militaire, puisque ce qui compte désormais, c’est la ville forte, la « bonne ville », il est vrai pourvue en général d’un château ou d’une citadelle.Le « fort château » ne disparut pas comme par enchantement lors du passage progressif entre Moyen ge tardif et Renaissance.Certes, les châteaux neufs, construits au temps de Louis XI, de Charles VIII, de Louis XII et de François Ier, ont un aspect militaire de plus en plus aléatoire ou résiduel (Azay-le-Rideau, Le Plessis-Bourré, Chaumont-sur-Loire, Amboise, Chambord).À l’évidence, ils n’étaient pas destinés à résister au canon ni à être défendus par des armes à feu, mais il arriva à quelques châteaux médiévaux d’être pourvus de boulevards, de tours d’artillerie, de casemates et de bastions.Et surtout bon nombre d’entre eux, pendant très longtemps, demeurèrent habités par de nobles familles (ou prétendues telles), moyennant des aménagements mineurs ou majeurs.Sans compter le fait qu’ici ou là, le désir ou le souci de sauver le patrimoine castral médiéval entraîne de véritables résurrections, dues à des personnes privées aussi bien qu’à des organismes publics.Enfin, au-delà de l’aspect purement architectural, la symbolique du château médiéval subsista à travers les siècles, en tant que lieu de pouvoir à partir duquel un « châtelain » prétendait exercer sa domination, plus ou moins paternelle, et sa protection, plus ou moins intéressée, sur la population de son village.En ce sens aussi, le Moyen ge a eu la vie dure.Note13.Cf.G.Minois, « Les forteresses du Pays de Galles », L’Histoire no 139, pp.94-101.Autour de l’An Mil : guerre féodale et paix chrétienneLa société du Moyen ge parfois nous fait horreur, parfois nous émerveille.L’effroi nous prend devant la barbarie des vendettas mérovingiennes ou des guerres privées féodales.Et nous admirons au contraire le panache, le courage et la courtoisie des chevaliers du XIIe siècle
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