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.Je me bornerai donc à vous parler de ce qui a mérité au chancelier Bacon l'estime del'Europe.Le plus singulier et le meilleur de ses ouvrages est celui qui est aujourd'hui le moins lu et le plus inutile : jeveux parler de son Novum scientiarum organum.C'est l'échafaud avec lequel on a bâti la nouvellephilosophie ; et, quand cet édifice a été élevé au moins en partie, l'échafaud n'a plus été d'aucun usage.Le chancelier Bacon ne connaissait pas encore la nature ; mais il savait et indiquait tous les chemins quimènent à elle.Il avait méprisé de bonne heure ce que les universités appelaient la philosophie ; et il faisaittout ce qui dépendait de lui, afin que ces compagnies, instituées pour la perfection de la raison humaine, necontinuassent pas de la gâter par leurs quiddités, leur horreur du vide, leurs formes substantielles et tous lesmots impertinents que non seulement l'ignorance rendait respectables, mais qu'un mélange ridicule avec lareligion avait rendus presque sacrés.DOUZIÈME LETTRE.SUR LE CHANCELIER BACON.17 Lettres philosophiquesIl est le père de la philosophie expérimentale.Il est bien vrai qu'avant lui on avait découvert des secretsétonnants.On avait inventé la boussole, l'imprimerie, la gravure des estampes, la peinture à l'huile, les glaces,l'art de rendre en quelque façon la vue aux vieillards par les lunettes qu'on appelle bésicles, la poudre à canon,etc.On avait cherché, trouvé et conquis un nouveau monde.Qui ne croirait que ces sublimes découverteseussent été faites par les plus grands philosophes, et dans des temps bien plus éclairés que le nôtre ? Point dutout : c'est dans le temps de la plus stupide barbarie que ces grands changements ont été faits sur la terre : lehasard seul a produit presque toutes ces inventions, et il y a même bien de l'apparence que ce qu'on appellehasard a eu grande part dans la découverte de l'Amérique ; du moins a-t-on toujours cru que ChristopheColomb n'entreprit son voyage que sur la foi d'un capitaine de vaisseau qu'une tempête avait jeté jusqu'à lahauteur des îles Caraïbes.Quoi qu'il en soit, les hommes savaient aller au bout du monde, ils savaient détruire des villes avec untonnerre artificiel plus terrible que le tonnerre véritable ; mais ils ne connaissaient pas la circulation du sang,la pesanteur de l'air, les lois du mouvement, la lumière, le nombre de nos planètes, etc., et un homme quisoutenait une thèse sur les catégories d'Aristote, sur l'universel a parte rei ou telle autre sottise, était regardécomme un prodige.Les inventions les plus étonnantes et les plus utiles ne sont pas celles qui font le plus d'honneur à l'esprithumain.C'est à un instinct mécanique, qui est chez la plupart des hommes, que nous devons tous les arts, et nullementà la saine philosophie.La découverte du feu, l'art de faire du pain, de fondre et de préparer les métaux, de bâtir des maisons,l'invention de la navette, sont d'une tout autre nécessité que l'imprimerie et la boussole ; cependant ces artsfurent inventés par des hommes encore sauvages.Quel prodigieux usage les Grecs et les Romains ne firent-ils pas depuis des mécaniques ? Cependant oncroyait de leur temps qu'il y avait des cieux de cristal, et que les étoiles étaient de petites lampes quitombaient quelquefois dans la mer ; et un de leurs grands philosophes, après bien des recherches, avait trouvéque les astres étaient des cailloux qui s'étaient détachés de la terre.En un mot, personne avant le chancelier Bacon n'avait connu la philosophie expérimentale ; et de toutes lesépreuves physiques qu'on a faites depuis lui, il n'y en a presque pas une qui ne soit indiquée dans son livre.Ilen avait fait lui-même plusieurs ; il fit des espèces de machines pneumatiques, par les- quelles il devinal'élasticité de l'air ; il a tourné tout autour de la découverte de sa pesanteur ; il y touchait ; cette vérité futsaisie par Torricelli.Peu de temps après, la physique expérimentale commença tout d'un coup à être cultivéeà la fois dans presque toutes les parties de l'Europe.C'était un trésor caché dont Bacon s'était douté, et quetous les philosophes, encouragés par sa promesse, s'efforcèrent de déterrer.Mais ce qui m'a le plus surpris, ç'a été de voir dans son livre, en termes exprès, cette attraction nouvelle dontmonsieur Newton passe pour l'inventeur.« Il faut chercher, dit Bacon, s'il n'y aurait point une espèce de force magnétique qui opère entre la terre et leschoses pesantes, entre la Lune et l'Océan, entre les Planètes, etc.En un autre endroit, il dit : « Il faut ou que les corps graves soient portés vers le centre de la terre ou qu'ils ensoient mutuellement attirés, et, en ce dernier cas, il est évident que plus les corps, en tombant, s'approcherontde la terre, plus fortement ils s'attireront.Il faut, poursuit-il, expérimenter si la même horloge à poids ira plusvite sur le haut d'une montagne ou au fond d'une mine ; si la force des poids diminue sur la montagne etaugmente dans la mine, il y a apparence que la terre a une vraie attraction.DOUZIÈME LETTRE.SUR LE CHANCELIER BACON [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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